Tunisie: Interdiction aux femmes de se marier avec des non musulmans

Une cinquantaine d’associations tunisiennes se mobilisent pour permettre aux femmes tunisiennes de se marier avec des hommes non musulmans. C’est aujourd’hui impossible pour elles dans ce pays. Une interdiction qui remonte aux années 1970 et à une circulaire du ministre de la Justice de l’époque. Le texte doit disparaître car il est contraire à l’égalité hommes-femmes et à la liberté de conscience.



Ce texte empêche les femmes tunisiennes de se marier avec un homme perçu comme athée, juif ou chrétien. Et contraire à l’égalité hommes-femmes car les hommes tunisiens ne sont pas soumis à la même interdiction. Et ce n’est pas tout : depuis la révolution de 2011, les femmes qui se seraient mariées à l’étranger, en France par exemple, avec un non musulman ou un converti, ont parfois des problèmes pour faire retranscrire leur mariage à l’état civil en Tunisie, alors qu’il existe un accord sur le sujet entre les deux pays.

Les enfants nés d’un mariage qui n’a pas pu être enregistré en Tunisie sont considérés comme s’ils n’étaient pas issus de relations conjugales, ce qui peut leur poser problème pour faire valoir leurs droits plus tard. Pour contourner ce problème, certains hommes font faire un certificat de conversion à l’islam auprès du mufti de la république, en Tunisie. Le document n’est pas forcément très compliqué à obtenir, mais cela pose un réel problème de conscience. L’une des associations du collectif qui demande la suppression de la circulaire cite même en exemple l’histoire d’un couple. L’homme, un tunisien juif, s’est vu refuser le mariage par l’administration à cause de son nom et de son prénom. Selon l’association, les autorités lui ont demandé un certificat de conversion à l’islam. Ces deux citoyens tunisiens n’ont donc pas pu se marier dans leur propre pays.

Ces deux principes sont bien inscrits dans la constitution de 2014. Mais beaucoup de lois contraires à cette nouvelle constitution n’ont pas encore été modifiées. Et dans le contexte politique, économique et sécuritaire ces dernières années, les autorités n’ont pas considéré comme urgent de supprimer certains textes comme cette circulaire.
Aujourd’hui, les associations comptent bien pousser le gouvernement à agir. Et elles ont déjà appelé des couples concernés à contester l’interdiction en justice, pour médiatiser ces cas et tenter d’obtenir une décision qui fasse jurisprudence.

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