Côte d'Ivoire: Alassane Ouattara donne les postes clés de son gouvernement à ses proches

Le président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara a procédé à un remaniement surprise, plaçant ses plus proches collaborateurs aux postes clés.


Au lendemain de l’annonce du remaniement, le désormais ex-ministre de la Défense arbore un sourire crispé et une cravate d’un vert vif – « la couleur des Eaux et Forêts ! », s’exclame-t-il, lui qui vient d’être nommé à ce nouveau maroquin. 

Mais ses collaborateurs grimacent. « On savait bien qu’on ne resterait pas ici très longtemps encore, mais on ne pensait pas partir si tôt », regrette l’un d’eux.

À Abidjan, ce remaniement était un secret bien gardé. Au gouvernement, seul le premier cercle était prévenu. Amadou Gon Coulibaly, le Premier ministre, et Hamed Bakayoko, qui passe de l’Intérieur à la Défense, étaient informés depuis une semaine. Pour les autres, les doutes n’ont surgi qu’à la veille de l’annonce officielle, alors qu’aucun Conseil de gouvernement n’avait eu lieu, contrairement aux habitudes.

« Le timing de ce remaniement est étonnant, estime un diplomate. Juste avant un événement aussi important pour le pays que les Jeux de la Francophonie, alors qu’il y a des problèmes sécuritaires, des tensions politiques. Cette décision a été prise dans l’urgence. » Depuis la dernière mutinerie, en mai, Alain-Richard Donwahi se savait sur la sellette. 

Dans l’entourage présidentiel, nombreux étaient ceux qui réclamaient le départ de cet homme du Sud-Ouest, bété comme leur ennemi Laurent Gbagbo, incapable, selon eux, de tenir cette armée turbulente.

Alors que le président estimait récemment que le problème militaire « était réglé », de nouveaux troubles sont venus précipiter son départ. 

Dans la nuit du 14 au 15 juillet, encore une fois, des tirs ont retenti à Abobo, un quartier d’Abidjan, et à Korhogo, une ville du nord du pays, faisant six morts (trois selon la version officielle). 

« Cela a confirmé qu’il y avait toujours un problème de gouvernance au niveau sécuritaire. Il fallait reprendre les choses en main », explique un proche du Premier ministre.Face à des militaires qui donnent des sueurs froides au pouvoir depuis le début de l’année, Alassane Dramane Ouattara (ADO) a choisi de s’appuyer sur l’un de ses plus proches. Ministre d’État – le seul du gouvernement – quand ses prédécesseurs à ce poste n’étaient que ministres délégués auprès du président de la République, Hamed Bakayoko est numéro deux du gouvernement et a maintenant la main sur l’ensemble du dispositif sécuritaire.

« Sidiki Diakité, le nouveau ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, était jusque-là préfet d’Abidjan, il a l’habitude de rendre des comptes à Hamed, c’est ce qu’il va continuer à faire », explique l’un de leurs proches. 

Hamed Bakayoko est un tenant de la manière forte. « En le nommant, ADO montre les muscles », estime un proche du pouvoir. L’ancien super-flic va maintenant devoir apprivoiser une armée moins disciplinée et moins formée que les policiers avec lesquels il a l’habitude de traiter.

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